Anastasie est un prénom féminin qui peut
également se décliner en Anastasia (Stacy pour les amateurs français de
prénoms anglo-saxons). Le prénom Anastasie a été
porté par plusieurs Saintes, reconnues par le calendrier chrétien, orthodoxe ou catholique. L’une d’entre elle fut Sainte Anastasie qui vécut au VIème siècle de notre ère. L’Empereur
Justinien, régnant sur l’Empire Chrétien depuis sa capitale Constantinople (actuelle Istanbul en Turquie), tomba amoureux d’Anastasie qui refusa ses avances. Anastasie dût
s’enfuir pour échapper à la volonté de l’Empereur Justinien et, après maintes aventures, se refugia dans un monastère, déguisée en eunuque. Le moine qui assista Anastasie lors de son décès révéla
ensuite sa véritable identité.
Une autre Sainte Anastasie vécut au IIIème siècle de notre ère. Elle connut de nombreux tourments et tortures et une fin violente à cause de sa foi inébranlable en Dieu et en Jésus-Christ et de sa volonté d’aider les pauvres et les malades.
Le prénom « Anastasie », d’origine grecque, signifie « résurrection ».
Anastasie est également le prénom d’un
personnage peu sympathique apparu au XIXème siècle, représenté sous les traits d’une vieille femme ricanant brandissant une paire de ciseaux. Anastasie est un personnage fictif inventé au XIXème siècle pour illustrer la censure officielle ou
le contrôle répressif qui sévissait contre la liberté de la presse, contre toute information ou fiction rédigée contre le pouvoir ou les institutions
officielles. Dans la première partie du XIXème siècle, on appelait la censure « Dame Censure ». La censure est devenue « Anastasie » dans la seconde partie du XIXème siècle. La
censure officielle, qui ne cessait de s’imposer contre la liberté d'opinions, après des périodes plus tolérantes de la part des différents pouvoirs qui se sont succédé (Royauté avec Louis Philippe et Charles X, Empire avec
Napoléon III, IIIème République, …), semblait ressusciter sans cesse. C’est
peut-être pour cela que l'on attribua à la censure toujours à l’affût le prénom d’Anastasie. En 1874, un humoriste, dans un journal satirique « Le Trombinoscope » créa la famille de
Dame Anastasie ou Dame Censure : sa mère était Séraphine Inquisition, sa cousine Zoé Bonvouloir, etc.
Aujourd’hui, certains disent que Dame Anastasie sévit toujours et utilise ses ciseaux acérés pour censurer les esprits libres.
Marie-Laure Tena– 4 mars 2013