Lors des « débats » organisés par France2, Jean-Luc Mélenchon a évoqué un contrat à terme sur la
dette française à partir du 16 avril 2012. Etonnée, j’ai voulu en savoir davantage et partager avec vous les informations récoltées.
En anglais
un « contrat à terme » s’appelle un « future » car le contrat à terme est un outil financier des marchés qui permet d’acheter ou de vendre à un prix convenu et à une
date future convenue un certain nombre d’actifs ou titres financiers (ici un certain nombre de parts de la dette française). Le contrat à terme sur une dette d’un pays, une dette
souveraine, a été réintroduit en Europe en 2009 sur la dette italienne. Les contrats à terme se font pays par pays et non pas pour un continent ou une union comme l’Union européenne. Le contrat à
terme sur la dette d’un pays est un outil financier, semble-t-il, plus transparent et plus contrôlé que le CDS, (le contrat d’assurance contre le risque de faillite ou "Credit default swaps").
Cela étant précisé, il faut noter que le contrat à terme est un outil plus avantageux pour l’acquéreur.
Pour acheter ou vendre un contrat à terme, il faut s’adresser à un courtier, à un trader membre de la Bourse auprès de laquelle le contrat est
traité. En ce qui concerne le contrat à terme sur la dette française, la Bourse concernée sera la Bourse de Frankfort, la Bourse allemande, car c’est une filiale de la Bourse de Frankfort, Eurex,
qui a créé ce contrat à terme sur la dette française, avec l’accord de l’Agence France Trésor (Administration française gérant l’émission de dettes). D’après les spécialistes, dont je ne suis
pas, le contrat à terme est un outil financier avec un fort levier, c’est-à-dire qui permet de miser avec moins et de percevoir plus qu’avec d’autres formules. Autrement dit, le contrat à terme
sur la dette française peut inciter à la spéculation. Le contrat à terme protège l’acheteur d’une éventuelle baisse du titre financier ainsi acquis, l’acquéreur ayant des garanties en cas de
moins-value ou de fluctuation du titre financier. A-t-on ainsi intérêt à voir le prix de la dette française augmenter ? De source sûre, le contrat à terme sur la dette italienne a largement été utilisé pour spéculer à la
baisse... Pour mémoire, spéculer signifie « faire des opérations commerciales ou financières pour tirer profit des variations du marché ».
Dès le mois de mars, Eurex a annoncé sa décision de créer ce contrat à terme sur la dette française et de lancer l'opération le 16 avril 2012
soit quelques jours avant le premier tour de la Présidentielle. Généralement, la dette publique, la dette d’un pays, est couverte par des emprunts publics auprès de la population, comme au Japon,
ou auprès des marchés financiers comme en Europe. Le Trésor Public français avait, quant à lui, lancé une opération d’emprunt appelée « OAT 10 », « Obligations Assimilables du
Trésor » sur 10 ans. Les contrats à terme existent un peu partout, il y en a sur la dette américaine ou sur la dette allemande ou la dette italienne. Cependant, la date du 16 avril, à
quelques jours de la Présidentielle française, donne une coloration politique particulière à ce contrat à terme sur la dette française, lancée par une filiale de la Bourse allemande. Certains
analystes politiques et économiques laissent à penser que ce contrat à terme sur la dette française n’est pas un « bon signal » (selon le Président de l’Association des Marchés
financiers française, M. Joyet), ou bien est une catastrophe imposant la tutelle allemande sur la dette française, selon JL Mélenchon, ou encore est une bonne idée d’après les économistes d’obédience plus libérale car il
permettra d'améliorer les liquidités de la dette publique.
S’il y a malversation ou transactions douteuses, les autorités françaises bancaires et financières ne seront pas légitimes pour trancher, mais
ce seront leurs équivalents allemands qui le seront.
Comme dit le proverbe : qui vivra, verra.
Marie-Laure Tena – 14 avril 2012
Sources : vernimmen.net (site financier) – Marianne2.fr – LeFigaro.fr – BFMBusinesstv.com – LaTribune.fr - schema sur le cycle
émotionnel du spéculateur : Irvine Housing Blog